Conseil national: trois jours de session spéciale. Du 9 au 11 mai, le Conseil national a siégé en session spéciale. En réalité, rien de spécial à ces trois journées de travail parlementaire, comme nous le rappelle M. Philippe Schwab, secrétaire général de l’Assemblée fédérale: «On devrait plutôt parler de séance de rattrapage (…) pareille session est précieuse face à l’augmentation des interventions parlementaires (…) En fait, cette session spéciale n’est qu’un prolongement décalé dans le temps de la session ordinaire». Voilà pour ce rafraîchissement organisationnel…
Spéciale, cette session l’aura tout de même été quant à un thème-phare, le budget de l’armée suisse. La guerre en Ukraine a boosté la thématique: les commissions de politique de sécurité des deux Chambres ont déposé une motion visant à augmenter progressivement le budget militaire dès l’an prochain, avec pour objectif de passer de 5 à 7 milliards de francs d’ici à 2030. Le Conseil national a accepté la motion par 111 voix contre 79.
Réfléchir, puis dépenser
J’ai personnellement soutenu pareille motion: notre armée, au cœur de l’Europe, doit être crédible, moderne, équipée en adéquation aux risques actuels. Il ne s’agira pas de dépenser pour dépenser: il s’agit, dès maintenant, d’analyser la situation sécuritaire et les menaces, puis de fixer des priorités – parmi lesquelles la cyberdéfense, la défense au sol, par exemple. Notre armée doit également être crédible si nous entendons rechercher des collaborations avec nos voisins. Mais pour collaborer, nous devons apporter quelque chose: nous ne pouvons simplement déléguer notre défense à nos voisins
Auto-approvisionnement: mon interpellation
Le conflit en Ukraine remet la question de notre auto-approvisionnement (alimentaire) au goût du jour. Or, le rapport du Conseil relatif à l’ouverture de la consultation concernant une initiative parlementaire (19.475), mentionne que «le taux d’auto approvisionnement brut devrait atteindre 54,2% en 2026». Mais à l’heure actuelle, la situation est bien différente et la crise économique engendrée par la guerre au cœur de notre continent change la donne. J’ai donc interpellé le Conseil fédéral en lui demandant «s’il est opportun de mettre en place des mesures qui vont réduire le taux d’auto-approvisionnement».
Deux autres questions encore: «La Suisse devra compenser cette baisse de la production indigène par des importations. Est-ce que notre pays n’a pas aussi le devoir moral de ne pas contribuer à l’augmentation de la demande et des prix sur les marchés internationaux, en sachant que d’autres pays au pouvoir d’achat plus faible risquent d’être confrontés à des problèmes de famine ?»
Et finalement, «comment le Conseil fédéral envisage maintenir un taux d’auto-approvisionnement élevé, garant de notre sécurité alimentaire, dans la situation actuelle de croissance de notre population ?»
> 09.05.22 Lien vers l’interpellation: « Baisse du taux d’auto-approvisionnement dans le cadre de la concrétisation de l’initiative parlementaire et en lien avec les évolutions à moyen et long terme »
La réponse gouvernementale suivra. Comme la session d’été, ordinaire celle-là, dès le 30 mai et pour trois semaines… A bientôt !
Pierre-André Page,
conseiller national, Châtonnaye
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