Contre l’initiative « AVSplus: pour une AVS forte »

DISCOURS DU 16.12.2015

Première intervention pour Pierre-André Page

Le Conseil national a traité, dans sa séance de mercredi 16 décembre 2015, de l’initiative « AVSplus: pour une AVS forte ». A l’instar du Conseil fédéral, l’UDC s’est prononcée contre cette initiative. Et le Conseiller national fribourgeois Pierre-André Page a défendu, à la tribune du Conseil national, la position de son parti. Son intervention ci-après.

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs chers collègues,

Qui n’a pas rêvé, un jour, de recevoir, comme cela, à l’heure de sa retraite, un peu plus d’argent de l’Etat? Personne, sans aucun doute. En ce sens, mais en ce sens uniquement, l’initiative «AVSplus: pour une AVS forte» est fortement sympathique. Pensez, un supplément de 10% sur sa rente vieillesse… Seulement voilà. Lorsqu’on cherche à savoir et à comprendre d’où viendrait cette manne et comment elle serait financée, là, le rêve devient dure réalité ! Et c’est là que, cette sympathique initiative devient soudain totalement irréaliste.

Laissez-moi vous dire en quelques mots, le pourquoi de ce déni de réalité que nous proposent les auteurs de cette initiative. Le coût global de ce geste de 10% coûterait à notre Confédération la somme de 4 milliards de francs. De quoi mettre encore davantage en péril nos finances fédérales. Même si, dès l’an prochain, elles seront en de très bonnes mains. Cette somme de 4 milliards de francs devrait rapidement être compensée par une augmentation des cotisations. Mais qui donc paie les cotisations, sinon celles et ceux qui sont actifs? Or les actifs dans notre économie suisse deviennent une denrée rare, en raison du vieillissement de notre population. Voilà pour un premier obstacle.

Deuxième obstacle, ou problème. Du côté du porte-monnaie de nos retraités, ce supplément de 10% ne sera pas forcément tout bénéfice. En effet, il sera soumis à l’impôt. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle? J’en doute.

Troisième problème: le côté a-social de cette initiative. Malgré son titre, «Pour une AVS forte», l’initiative péjore la situation des plus défavorisés. Voyez-vous, chez les bas revenus, ce si généreux supplément de 10% serait neutralisé par une baisse des prestations complémentaires. Sans oublier que, pour les retraités plus aisés, ce geste supplémentaire ne se justifie pas vraiment. Donc cette mesure rate complètement sa cible.

Et finalement, quel propriétaire construisant sa maison n’a-t-il pas rêvé de terminer le chantier commencé sans devoir, sans cesse, corriger un mur, rajouter une fenêtre ou modifier la couleur de la façade ? Nos assurances sociales font l’objet d’une profonde et solide réforme, « Prévoyance vieillesse 2020 ». Cette initiative, et surtout les coûts qu’elle engendre, arrive à contre-courant de la réforme. L’initiative met en danger cette réforme. J’ai personnellement toujours prôné, dans ce domaine, une augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes à 65 ans, couplée avec une flexibilisation de la retraite. Ce double objectif est poursuivi par la réforme entreprise. Achevons donc ce chantier d’abord.

Pour toutes ces raisons qui tombent sous le coup du bon sens, Mesdames et Messieurs, chers collègues, je vous invite, à l’instar du Conseil fédéral, à rejeter l’initiative «AVSplus: pour une AVS forte». Ainsi serons-nous logiques, cohérents et pragmatiques. Sans pour autant manquer de respect face à nos aînés – une catégorie de population que, tôt ou tard d’ailleurs, nous rejoindrons toutes et tous. Je vous remercie de votre attention!