Négociations CH-UE: agriculture en danger
Les SOS motorisés et lumineux de nos paysans témoignent actuellement de leur lutte pour un prix du lait équitable et contre des contrôles toujours plus envahissants. Mais notre monde agricole n’a pas fini de se faire du souci: dans le projet de mandat de négociation que le Conseil fédéral propose entre notre pays et l’Union européenne, notre agriculture serait vraiment mise à mal. Décryptage…
De manière générale, avec son Green Deal de 2019 (le pacte vert européen), l’Europe veut devenir le premier continent climatiquement neutre aux horizons de ces prochaines décennies. La pièce maîtresse de ce Green Deal est, pour Bruxelles, sa stratégie «de la ferme à l’assiette» qui vise à accélérer notre transition vers un système alimentaire durable. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Bruxelles veut rééduquer la population en lui disant ce qui est bon à manger pour elle, à savoir une alimentation essentiellement végétale. Donc on limite massivement la publicité pour la viande. Puis on taxe les aliments considérés comme «nocifs», ceux qui utilisent beaucoup de ressources naturelles, qui polluent l’environnement, qui émettent des gaz à effet de serre… Conséquences: des taxes sur l’élevage, moins 90% de CO2, de méthane et d’oxyde d’azote d’ici 2024, une part de surfaces écologiques à 25%, des pertes de nutriments de 50%, des engrais réduits de 20% d’ici 2030, ou encore des taxes sur les aliments non sains (sucre, sel, graisses). Bref, en Europe, demain, une assiette «propre en ordre».
Mais notre pays devrait aussi faire des concessions sur les protections douanières agricoles en particulier; nos prescriptions (les plus strictes en Europe) en matière de protection des animaux disparaitraient. Bruxelles entend mettre sur un pied d’égalité l’agriculture conventionnelle et le génie génétique: de quoi perturber le consommateur faisant son marché…
Ajoutons enfin que la Confédération est disposée, malgré ses caisses vides, à effectuer de gros paiements annuels à l’UE (plusieurs milliards de francs) – des versements qui péjoreraient les soutiens que notre Gouvernement apporte aujourd’hui à notre monde paysan.
Voilà le plat de résistance agricole que nous prépare notre Conseil fédéral à la table de l’Union Européenne… Pas très digeste, vous en conviendrez. Et vous comprenez maintenant pourquoi l’UDC combat ce mandat de négociation, bien isolée il est vrai, au milieu de l’europhilie ambiante.
Pierre-André Page,
conseiller national, Châtonnaye
Commentaires récents